Les violences dans le milieu scolaire. Le voile est enfin levé sur ce phénomène social qui enregistre des proportions alarmantes, à tous les niveaux de la société, dont l’école est une partie indissociable de cet environnement global.
Rosa Mansouri - Alger (Le Soir) - Le ministère de l’Education nationale a décidé de prendre le taureau par les cornes, en tentant une action de «dépistage » de ce fléau, à travers une nouvelle démarche préventive dans laquelle il associe des universitaires, des sociologues, des psychologues, des éducateurs et responsables institutionnels pour que tous ensemble réussissent à lutter contre la violence dans le milieu scolaire. Mais avant tout, le ministre Boubekeur Benbouzid, qui a présidé hier une journée d’étude sur la lutte contre la violence en milieu scolaire, a tenu à répondre à «tous ceux qui croient que c’est l’école qui produit la violence» : «Beaucoup d’accusations ont été proférées à l’égard de l’école, la prenant pour responsable dans la prolifération de la violence. Je le redis aujourd’hui, l’école algérienne est un lieu d’éducation et d’apprentissage », dit-il, précisant que «l’école fait partie d’un environnement global où la violence est répandue à toutes les échelles de la société, à commencer par la famille». Appuyant les propos du ministre, le sociologue Nourdine Hakiki, directeur du laboratoire Changement social, de l’université de Bouzaréah, a présenté une étude sociologique comparative entre deux lycées d’Alger, portant sur les comportements violents des élèves. Le laboratoire a choisi, pour ce travail, le lycée Cheikh Bouamama (ex- Descartes), connu pour son accueil des élèves issus d’une sphère sociale aisée et le lycée Okba, de Bab El Oued, qui, lui, accueille les enfants des quartiers populaires. Cette étude a ainsi porté sur l’analyse d’une série de comportements chez les deux catégories de lycéens, à l’exemple des violences verbales, corporelles, les vexations, la marginalisation des camarades…, qui a révélé finalement que le comportement est identique chez les deux franges, malgré un niveau social différent. Cela a amené le sociologue à étudier plusieurs autres hypothèses, qu’il a d’ailleurs exposées à cette occasion, où il évoque l’affaiblissement des valeurs sociales au sein de la famille algérienne. Une déperdition des repères socioculturels et historiques qui ont mené, en fin de chemin, la famille algérienne à adopter une attitude individualiste et égoïste même envers ses propres enfants. Cette étude a diagnostiqué le mal de la violence à l’école en revenant à la famille et la société. M. Hakiki a conclu à une espérance perdue chez les jeunes et les adolescents et aussi à l’inexistence d’une mémoire collective et d’une responsabilité sociale dans l’éducation des enfants. Le rôle des parents dans cette lutte contre la violence apparaît, de ce fait, comme une condition incontournable pour la réussite des plans d’actions menés par les institutions publiques et l’école en particulier. De son côté, le ministre de l’Education a affirmé que son département a adopté une réglementation très sévère pour punir les violences à l’école. Le dernier texte en date porte sur un décret exécutif, actuellement en préparation en conseil des ministres et soumis hier d’ailleurs pour enrichissement par les spécialistes. Pour ce qui est des chiffres illustrant la violence dans le milieu scolaire, Mme Remki, directrice des activités culturelles et sportives de l’action sociale au ministère de l’Education, a présenté plusieurs tableaux évaluant la situation des violences depuis 2000 à 2007. Insignifiants selon elle, vu que le pourcentage ne dépassant pas 1,5 % de taux de violence scolaire. L’oratrice a parlé toutefois de 29 000 cas de violences constatés entre élèves eux-mêmes. Les violences verbales et le harcèlement psychologique viennent en tête de ces violences.
R. M.
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