ALGERIE/Ensemble pour la non-violence
   
 
  l’Echec Scolaire :
Le collège finlandais : Fini l'échec scolaire ? 

Par Jeanne Claire Fumet


Le « modèle » finlandais a de quoi faire rêver : avec un taux de réussite scolaire de 99,7%, difficile de ne pas y chercher quelque remède contre l'échec scolaire, ce mal endémique qui ronge notre système scolaire. Professeur de français, Claude Antilla a enseigné pendant 35 ans en Finlande, détachée par le Ministère de l’Éducation nationale. Très sollicitée par des associations de parents en lutte contre l'échec scolaire, en particulier en Belgique et au Canada où elle donne de nombreuses conférences, elle s'efforce de faire connaître les particularités du système finlandais, sans  nier les spécificités économiques, politiques géographiques et sociales de la Finlande. Elle nous invite à découvrir quelques éléments de la solution finnoise.



Une scolarisation tardive mais efficace

 

La scolarisation précoce est considérée comme déterminante en France. Est-ce le cas en Finlande?


En Finlande, la scolarité ne commence qu'à 7 ans. Mais les enfants sont prêts, et ils apprennent très  vite. Une pré-scolarisation est proposée à partir de 6 ans. Elle n'est pas obligatoire, mais gratuite, et suivie à 100%. La scolarité obligatoire se poursuit ensuite d'un seul bloc jusqu'à 15 ou 16 ans, sans filières de spécialisation, sans redoublement et avec une obligation de réussite pour tous, quelles que soient les difficultés. On intègre et on garde tous les enfants, même ceux qui souffrent de handicaps, et on les conduit au terme de leur scolarité. Il n'y a pas d'abandon avant 16 ans.



Garder les enfants à la maison jusqu'à 6 ans, n'est-ce pas une contrainte pour les familles ?


La Finlande a dû faire face à d'importants problèmes démographiques : avec une faible immigration et une natalité basse, il a fallu établir une vraie politique familiale. Les communes mettent en place des systèmes de crèches, de garderies, de jardins d'enfants, facturés au prorata des revenus des parents. Le congé de maternité dure 11 mois et on recommande que l'un des parents reste à la maison les trois premières années, avec l'assurance de retrouver son emploi à son retour.

Autre mesure importante, le suivi sanitaire des enfants, de la grossesse à la scolarisation : on s'efforce de dépister très tôt les problèmes d'apprentissage qui risquent de se présenter. On parvient à de bons diagnostics sur la dyslexie, par exemple, et on évite bien des échecs futurs.


Quelle aide reçoivent les enfants en difficulté ?  


Chaque école dispose d'une assistante sociale scolaire et d'un enseignant spécialisé qui gèrent les problèmes individuels. L'enseignant spécialisé est déchargé de classe et il intervient ponctuellement sur des actions de soutien personnalisées, en concertation avec ses collègues, sur le temps scolaire. On évite ainsi d'alourdir les journées. Les rythmes scolaires sont très différents de la France : en général, on respecte l'alternance de 45mn de concentration pour 15mn de pause, afin de préserver une bonne qualité d'attention des élèves. Les journées finissent tôt : 13h pour les plus jeunes, 16h à l'université. On estime que c'est une condition pour rendre l'enseignement efficace.



Évaluation pondérée et programmes souples

 

Cela peut-il suffire pour faire réussir tous les élèves ?


C'est un ensemble : l'évaluation et les programmes sont pensés très différemment. On n'évalue pas avant l'âge de 10 ans, sauf par appréciations et et on recourt beaucoup à l'auto-évaluation. Ensuite, les notes vont de 4 (éliminatoire) à 10. Mais on ne laisse pas un élève à 4 : on fait tout pour l'aider à s'améliorer.  Avec un tel acharnement qu'en général, il finit par y arriver ! En réalité, ce n'est pas la performance scolaire qu'on évalue, mais plutôt le degré de réussite globale, en tenant compte des capacités de chaque enfant. Et on trouve parfois des solutions inattendues : ainsi, en développant  les outils informatiques pour aider les garçons, plus en difficulté que les filles, on a obtenu un retournement de situation : ce sont les filles qui sont maintenant à la traîne... Reste à les familiariser avec ces instruments moins familiers pour elles.


Contenus et méthodes sont assez libres puisqu'il n'y a pas d'évaluation nationale. Mais pour le Brevet, l'élève doit avoir atteint un niveau moyen (5) dans tous les domaines – et ils sont nombreux et variés, afin que chacun trouve celui qui le valorise. Les programmes sont  moins rigides : on attribue un quota d'heures par matière et des référentiels d'apprentissage par objectifs. On détermine compétences et savoir-faire qui doivent être acquis, sans détailler le contenu. C'est l'objet d'une consultation très ouverte. On transmet cette trame aux équipes municipales, en général des enseignants mis à disposition qui rédigent les contenus, puis chaque équipe affine en fonction de son public. C'est une gestion très décentralisée.


Cela entraîne-t-il une compétition entre les établissement ?


Pas du tout : le principe est celui de l’égalité et l'homogénéité pour tous et sur tout le territoire. Il est d'ailleurs interdit de publier des classements des écoles, qui les mettraient en concurrence. Le ministère effectue des tests, mais ils sont anonymes et confidentiels, et ils servent surtout à mettre en place des solutions de soutien quand il y a des problèmes. Détail important : il n'y a qu'un seul réseau en Finlande, qui compte moins de 5 % d'écoles privées (étrangères, Steiner, internationales, juive...). Toutes ont rejoint le circuit public géré par les communes.


Mais n'y a-t-il pas des disparités réelles entre les établissements ?


Pas vraiment, parce que la Finlande a su tirer les leçons des erreurs commises ailleurs : depuis les années 70, une politique volontariste de mixité sociale fonctionne sur tout le territoire. On ne sépare pas les élèves faibles et ceux qui sont brillants. Les milieux et les origines sont mélangés et représentés dans toutes les écoles, car on favorise la mixité dans l'habitat, pour éviter les ghettos.


En Finlande, la politique d'immigration est sévère mais plutôt généreuse : les réfugiés ont deux voire trois années pour apprendre le finnois et se perfectionner dans leur langue d'origine. Pendant ce temps, ils sont dispensés de recherche d'emploi et pris en charge par l’État  (ce qui suscite parfois la colère des Finlandais, d'ailleurs). Les enfants sont intégrés dans l’école du quartier, et en général, ça fonctionne plutôt bien. Devant l'évolution de l'immigration (essentiellement venue des pays de l'Est), on a fixé un taux maximum de 15% d'étrangers par classe dans la région d’Helsinki, mais on pense atteindre 25% dans quelques années.



Un lycée professionnel plus sélectif


Après le cursus obligatoire, que deviennent les élèves ?


Ils vont au lycée général ou professionnel, dont les conditions d'accès sont plutôt sélectives.  Les épreuves du bac ne comportent que quatre matières ; les élèves les plus faibles ont droit à une année supplémentaire de rattrapage pour s'assurer le niveau requis. Le lycée professionnel est plus sélectif ; en plus de la formation technique, il propose une formation générale et linguistique. Environ 53% des élèves entrent au lycée et 47% dans le professionnel, avec un taux de réussite au bac de 95%. Il faut préciser qu'ils ont deux sessions par an et peuvent obtenir leur diplôme en trois sessions successives au maximum, ce qui limite l'échec.


N'y a-t-il pas davantage d'échec après le Brevet?


Au lycée, on compte 4,5% d'abandon en série générale et 9,8% en professionnel. L'entrée dans le supérieur est  régulée par des examens d'entrée et, selon les branches, un numerus clausus. Le taux d'abandon est de  5,8% à l'université et 9% en IUP.  Mais ce taux d'échec est en régression chaque année grâce aux efforts déployés en termes d'orientation.


Pour mieux préparer les élèves à l'université, on a mis en place un système de lycée modulaire, avec des spécialisations « à la carte ». Les résultats ne semblent guère concluants, même si on estime en Finlande qu'après seulement 10 ans, on manque encore de recul pour en juger. Les apprentissages se révèlent fragmentés, discontinus, on perd la cohésion du groupe classe. Ce n'est pas à mon avis une bonne solution. Curieusement, c'est le seul sujet sur lequel on m'ait demandé de témoigner officiellement en France. Je le regrette, il y a tellement d'autres aspects du système finlandais à étudier ! La Finlande reste tout de même un des pays à avoir le plus de diplômés dans le supérieur, et il fait le plus grand effort pour la recherche : 4% du PIB y est consacré.


Vous pensez que la France pourrait adopter certaines de ses méthodes ?


Les conditions sont très différentes, mais il y a matière à réflexion : éviter l'évaluation négative et la sanction, au profit du soutien et de l'encouragement, rendre l'élève autonome, responsable de ses apprentissages, tenir compte des capacités réelles de chacun et s'efforcer de faire réussir tout le monde, sans discrimination, éviter la spécialisation précoce, le cloisonnement des disciplines, les programmes qui tournent au bourrage de crâne, favoriser le travail d'équipe... Tout cela est connu, mais encore faut-il réussir à convaincre que c'est utile et efficace pour lutter contre l'échec scolaire.


Claude Antilla


Propos recueillis par Jeanne Claire Fumet


Un site pour découvrir les activités de Claude Antilla, en particulier dans le domaine de la diffusion de l'apprentissage du Français langue étrangère dans le monde :

http://www.tkukoulu.fi/~clanttila/

Pour contacter Claude Antilla (communications, conférences) :

clanttila (at) hotmail.com


Le dossier collège

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformerCollege.aspx


Les autres articles du Café sur le modèle scolaire finlandais et les analyses de Paul Robert :

Un pont vers la Finlande ? Entretien avec Paul Robert 15 juin 2008.

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2008[...]  

Finlande – France : les antipodes européens, avril 2008.

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/20[...]  

La Finlande, un modèle pour la France ? Expresso du 24 juin 2009.

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/06/24062[...]  






Chlef, Rentrée scolaire 2009-2010
Le CREFD au secours des élèves exclus
10 Septembre 2009

Pour des raisons très diverses, de plus en plus d’élèves exclus du système scolaire optent pour la formation à distance. C’est du moins ce qui ressort des statistiques du centre de formation de Chlef qui font état de 12.685 candidats pour l’année scolaire 2008-2009.

Les inscriptions pour la présente rentrée scolaire ont débuté le 1er septembre au centre régional d’éducation et de formation à distance (CREFD), qui regroupe les wilayas de Chlef et de Aïn Defla et se poursuivront jusqu’au 31 octobre. Cette année, la nouveauté pour les inscriptions réside dans le fait que ces dernières s’effectuent par Internet sur deux sites proposés. Pour des raisons très diverses, de plus en plus d’élèves exclus du système scolaire optent pour la formation à distance. C’est du moins ce qui ressort des statistiques du centre de formation de Chlef qui font état de 12.685 candidats pour l’année scolaire 2008/2009. Cette année, on prévoit un nombre à peu près identique à celui de l’an passé compte tenu des moyens logistiques. Par ailleurs, dans le but d’alléger les élèves des contraintes de transport et de restauration, le centre a ouvert des salles de cours dans les chefs-lieux des dairate de Ténès, Bou-Kader et El-Khémis. Les élèves de la classe de terminale peuvent suivre chez eux les cours par Internet mis en place par la direction du CREFD. Plus de 400 enseignants qualifiés sont mobilisés pour répondre aux attentes de ces élèves. Concernant les résultats, le directeur, M. A.Bourada, fait part de sa satisfaction avec un taux de réussite au baccalauréat de 97% en 2009 .ce score classe ce centre à la première place au niveau national. Quant aux supports techniques, la direction du centre met à la disposition des élèves des manuels et des C.D à raison de 12 manuels par élève. Des cours de soutien sont également donnés aux élèves de terminale à raison de 2 séances de 3 heures chacune par semaine. Par ailleurs, vu le rôle important du CREFD, une nouvelle construction en dur sera réceptionnée au cours du mois d’octobre prochain en remplacement à celle en préfabriqué qui ne répond plus aux attentes des élèves et de l’administration. Ce nouveau siège comprend 6 salles de cours, 4 salles pour l’informatique et 2 labos de langues.

Par : Bencherki Otsmane

Plus de 236 000 élèves ont quitté le cycle obligatoire en 2008

Des chômeurs par vagues successives

 

Des milliers d’élèves quittent, chaque année, les bancs de l’école. Les profils des « déserteurs » sont aussi nombreux que les maux de la société algérienne : il y a ceux qui veulent entrer plus vite dans la vie active pour aider leur famille, d’autres qui ne voient pas l’école comme un moyen de « s’enrichir » et puis tous ceux qui « décrochent » en raison de l’éloignement, de la qualité de l’enseignement ou de problèmes familiaux.

 

Disons-le tout net : l’école n’est plus considérée comme un tremplin pour la réussite. Les « modèles » de réussite ont changé au gré des bouleversements qu’a connu l’Algérie. « Je vais étudier toute ma vie pour avoir un salaire minable. Ça ne sert à rien. Là au moins, je gagne un peu d’argent, je suis utile à ma famille. "N’daber rassi", j’arrive à me prendre en charge », explique Mehdi, 16 ans, gardien de parking ayant quitté l’école après un échec au BEM. Même si le taux de déscolarisation – durant le cycle obligatoire – reste marginal (près de 5%), le mal semble profond.

Les jeunes n’aiment pas les métiers manuels

Le ministère de l’Education ne veut pas dramatiser la situation. Boubekeur Benbouzid estime que « la réforme (qu’il a entamée en 2003, ndlr) endiguera le problème des déperditions scolaires ». « Les déperditions tendent à disparaître. Le taux de scolarisation est passé de 93,24% en 2000 à 97,3% aujourd’hui », nous a-t-il expliqué. Il ajoute : « Parmi les 5,2% qui ne sont pas scolarisés, certains présentent des handicaps lourds et sont pris en charge par les services du ministère de la Solidarité. Lorsque les parents d’enfants nomades se déplacent, il est difficile de trouver la trace de leurs enfants. Il y a également une part de problèmes sociaux et familiaux. Il est difficile d’atteindre 100%. » Le département de l’Education songe à créer des « internats » ou des « classes ambulantes » pour suivre les familles nomades dans leurs déplacements.

Le phénomène de la déperdition scolaire touche surtout (à hauteur de 66%) les zones rurales. Les difficultés des zones enclavées sont celles de la plupart des villes algériennes, mais poussées à l’extrême. Les enfants habitant ces régions sont parfois obligés de marcher plus de 2 km pour aller à l’école et retourner chez eux. C’est là l’une des raisons principales du décrochage scolaire. Mais là encore, le ministère de tutelle adopte un ton rassurant. « Désormais, il n’y a pas un douar sans école primaire et pas une commune sans lycée. Nous avons ouvert des écoles dans lesquelles il n’y avait que 12 élèves. A Bordj Bou Arréridj, il y a une école ouverte pour une seule élève. Pas moins de 4300 bus scolaires et 1703 cantines. 73% des élèves bénéficient de la cantine. Aujourd’hui, les classes ne sont plus aussi surchargées qu’avant. Nous voulons encourager les enfants à rester dans l’école », affirme M. Chaib Drâa, cadre au département de l’Education. Dans la mesure où « tous les moyens » ont été mis en place pour assurer aux élèves de bonnes conditions, il n’y a plus aucun prétexte pour quitter l’école.

Le bilan que brossent les cadres du ministère de l’Education sont plutôt flatteurs, mais la réalité semble plus complexe. Les options qui se présentent aux enfants exclus de l’école (après la 4e année moyenne) paraissent minces. Ils ont le choix entre la formation professionnelle, l’enseignement à distance, l’école privée ou la rue. La désaffection des jeunes pour les métiers manuels est grande. Les chiffres alimentent le scepticisme de la société civile. Dans une intervention médiatique, M. Khiati, président de la Forem, a porté un jugement sévère sur la gestion de ce dossier. « La formation professionnelle, supposée offrir une alternative aux flux des malchanceux de l’école, ne peut répondre annuellement qu’à moins de 48% de la demande. Ces jeunes ne peuvent même pas prétendre à des espaces de loisirs ou de sports pour noyer leur chagrin ou se détourner des idées sombres (à peine 7% des jeunes et moins de 4,5% des enfants scolarisés sont affiliés à des associations sportives ou adhèrent à des associations de jeunesse) », a-t-il constaté.

La déscolarisation forcée des filles

Pour le ministre de l’Education, les ambitions des scolarisés sont parfois démesurées. « Les Algériens veulent tous être docteurs. Ce n’est pas possible. Un ingénieur gagne moins qu’un spécialiste en plomberie », souligne-t-il. Un dispositif pour la création d’une « école de la deuxième chance » en Algérie a été présenté par le ministère de tutelle. Selon l’Observatoire des droits de l’enfant, 2,2 millions d’enfants ont abandonné l’école durant la période 1999-2003. Par ailleurs, les chiffres révélés par le Conseil national économique et Social (CNES, rapport 2001) montrent près de 61% des enfants âgés de 16 à 18 ans sont dans la rue faute d’avoir trouvé une place dans la formation professionnelle ou toute autre possibilité de préparation à l’emploi. Mais le ministère de l’Education nationale n’inclut pas les élèves de 1re année, de 2e année secondaire et même ceux de terminale ayant échoué au bac dans la déperdition scolaire. « Il n’y a qu’au Japon que l’école est obligatoire jusqu’au bac.

A partir de la 4e année moyenne, les élèves qui quittent l’école ne sont pas comptabilisés dans les statistiques des déperditions scolaires. Cela ne peut être une déperdition puisqu’ils sont orientés vers la formation professionnelle. A travers la formation professionnelle, nous les préparons à une formation supérieure. Nous les préparons à la vie », affirme le ministre de l’Education nationale, Boubakeur Benbouzid. Les garçons qui quittent l’école plus tôt sont généralement tentés par l’informel. Même si la déscolarisation forcée des filles est encore ancrée dans la société algérienne, elles sont plus combatives et choisissent la « voie classique » de la réussite.



 

Par Amel Blidi

 
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  Voir aussi...

 

Edition du 12 juillet 2009

« Les déscolarisations sont un indicateur des déficiences du système »
Saïd Benmerad. Expert consultant au Ceneap (Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement)

Edition du 14 avril 2009

Une école pour l’enfant en difficulté
Soutien pédagogique

Edition du 22 février 2009

L’ENPI de Rouiba ouvre ses portes aux enfants du Sud
Adrar

Edition du 4 mars 2006

Plus de 1500 élèves affectés dans leur scolarité
Fermeture des écoles privées et relogement des familles sinistrées

Edition du 12 juillet 2009

28 millions de scolarisés depuis 1962
 

Edition du 8 septembre 2008

Les collèges saturés
Le ministre de l’éducation nationale l’a reconnu hier

Edition du 13 septembre 2004

Réception de nouvelles écoles à Bir El Djir
 

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Saïd Benmerad. Expert consultant au Ceneap (Centre national d’études et d’analyses pour la population et le développement)

« Les déscolarisations sont un indicateur des déficiences du système »

 



 

- Quelles sont les principales causes des déperditions scolaires ?
- Dans la mesure où la scolarisation est obligatoire, la cause principale évoquée pour les déperditions scolaires est l’abandon. Cet abandon est dû à plusieurs causes, dont la plus importante est d’ordre financier. Il existe aussi de nombreux écoliers qui rejettent le système scolaire. En gros, les jeunes désertent l’école pour soutenir leurs parents. D’autres enfants présentent des déficits qui rendent leur intégration au système scolaire plus difficile. Mais les déperditions scolaires sont surtout un indicateur des déficiences du système éducatif.
- Quel est le profil des jeunes déscolarisés ?
- Il s’agit généralement d’un garçon âgé entre 15 et 18 ans et résidant en zone rurale. Il est issu d’un ménage monoparental dans lequel le chef de famille est la mère et dont les ressources financières sont très faibles. Il interrompt sa scolarité par choix car il se sent investi d’un sentiment de responsabilité qui le pousse à travailler. Aussi est-il primordial d’améliorer la qualité de l’enseignement en milieu rural. Si l’élève est bon à l’école, il ne sera pas déscolarisé. Il est également important de mettre en place des mesures pour soutenir les ménages à risques, notamment les femmes chefs de ménage ayant de faibles revenus.
- Quelles sont les alternatives qui s’offrent aux jeunes déscolarisés ? Choisissent-ils de suivre une formation professionnelle ?
- La plupart des jeunes sortent de l’école sans compétence aucune. Lorsqu’ils quittent les collèges d’enseignement moyen, leur niveau est largement en deçà de la demande du secteur de l’emploi. La formation professionnelle ne peut pas accueillir ces jeunes. A tel point que ce secteur a commencé à réfléchir à rendre le système plus efficace. Il faut à cet effet mettre en place une flexibilité dans la formation. Par exemple : dans les secteur du textile, les élèves de la formation professionnelle sont formés sur des machines domestiques, ce qui ne les habilite pas à un emploi dans le secteur industriel. Il est important de faire coïncider l’offre et la demande. Il est à souligner que près de 93% des 6-14 ans ne suivent pas de formation professionnelle. Le problème réside dans le fait qu’il n’existe pas les structures adéquates pour accueillir cette tranche d’âge. On croit souvent que ce sont des cas marginaux. Or on parle en général de 400 000 à 500 000 élèves qui quittent le système scolaire chaque année. Les écoles privées doivent avoir leur place dans la lutte contre la déperdition scolaire dans la mesure où elles peuvent fournir une offre plus personnalisée en direction d’élèves qui quittent le système public. Elles peuvent récupérer les jeunes ayant des difficultés. Il est dommage, par ailleurs, qu’il n’y ait pas d’école de la deuxième chance pour les jeunes qui voudraient revenir sur les bancs de l’école.
- Comment pourrait-on prévenir ce problème ?
- Il n’existe pas de système d’écoute permettant de mettre en place un dépistage des élèves susceptibles de quitter l’école. La priorité du département de l’Education semble être la gestion des flux. Dans les classes, il est possible de croiser différents profils : ceux qui ont des problèmes de compréhension, ceux qui ont des handicaps sensoriels, ceux ayant des problèmes familiaux ou financiers… Il y a des élèves intelligents qui n’arrivent pas à accepter l’autorité de l’école. Le système scolaire doit prendre en charge tous les cas marginaux. Si les cas « différents » ne sont pas suivis de près, il n’est pas possible de prévenir les causes de l’interruption de la scolarité. L’éducation ne doit pas seulement fournir des chaises, des tables et un professeur. Elle doit être à l’écoute de l’élève. S’il y a des profils à risques, c’est de ceux-là qu’il faudrait s’occuper. Le nombre d’enfants à scolariser ne cesse de baisser et les classes sont de moins en moins chargées. C’est là une chance qu’il faut saisir. Un enfant qui présente de mauvais résultats doit être suivi par un conseiller pédagogique. Au primaire, il est encore possible de récupérer les élèves qui ont de mauvais bulletins. Il y a quelquefois des élèves qui n’arrivent pas à suivre parce qu’ils voient ou entendent mal, parce qu’ils sont trop timides ou sont brutalisés par leurs camarades, voire par leurs enseignants. La réforme du système éducatif n’a pas pris en charge cet aspect d’une manière claire et effective. Le contenu a été revu, mais certains volets n’ont pas été pris en compte. Il est également important d’établir un partenariat entre les ministères de l’Education nationale, de la Santé et de la Solidarité afin de mettre en place un plan permettant de régler le problème de la déperdition scolaire. L’école doit fournir plus que le « Smig pédagogique », elle doit s’impliquer davantage et impliquer tous les autres acteurs : parents, collectivités locales, associations de parents d’élèves et les autres secteurs, tels que la jeunesse et les sports, la solidarité, la santé… Il est nécessaire de mettre en place une cellule d’écoute dans chaque école, d’assurer une forme de tutorat qui prend en charge une écoute et une prise en charge personnalisée.
- Qu’est-ce qui vous a le plus frappé à la réalisation de l’étude sur la déperdition scolaire pour le compte de l’association Iqraa ?
- Dans l’étude que nous avons réalisée, le taux de la décision parentale est équivalent à l’arrêt volontaire. Pas moins de 24% des élèves qui ont quitté l’école ont expliqué que cela était lié à des difficultés familiales. Par ailleurs, 76% des filles âgées entre 6 et 10 ans et 25% des garçons du même âge quittent l’école au primaire. Ensuite, la tendance s’inverse. La déscolarisation des filles en bas âge existe encore. Il est possible, dans le cas où les parents décident de retirer leurs filles de l’école, d’avoir recours à la loi. On doit s’inquiéter de ces phénomènes. En 2009, on ne doit pas permettre à certains parents de déscolariser leurs filles parce que ce sont des filles… ni leurs garçons d’ailleurs.
- Au-delà du cycle obligatoire, est-ce que les jeunes qui quittent l’école devraient être considérés en « déperdition scolaire » ?
- Si un étudiant quitte le système d’enseignement en 3e année d’université, il devrait être considéré en « déperdition scolaire ». Le secteur de l’Education nationale devrait en être comptable dans le sens où les enseignants du supérieur estiment que les étudiants arrivent avec des capacités largement insuffisantes pour assimiler l’enseignement universitaire. Il est nécessaire de réaliser une étude très précise sur le phénomène afin d’avoir une connaissance plus affinée des déperditions scolaires. Cela permettra notamment de mettre en place un système de soutien, de suivi et d’écoute plus ciblé.
- Quelles sont les raisons qui poussent les étudiants à abandonner la fac ?
- A l’université, les choses sont encore plus compliquées. Il y a d’abord un sérieux problème d’orientation. En plus du décalage entre le niveau requis et celui des étudiants, il y a également les problèmes linguistiques dans les filières scientifiques. Sur une cohorte de 100 élèves, seuls 8 décrochent le baccalauréat et 6 obtiennent un diplôme universitaire.
- Est-ce que l’école est toujours un modèle de réussite sociale pour les jeunes ?
- L’école n’est plus le meilleur des ascenseurs sociaux. Si les garçons quittent l’école plus tôt que les filles, ce n’est pas parce qu’elles sont plus brillantes. Le fait est que l’école n’assure plus son rôle de promotion sociale. Il existe aujourd’hui d’autres « modèles » de promotion sociale. Les enrichissements fulgurants constatés ici et là par des groupes qui ne sont pas des modèles de réussite scolaire en sont un parfait exemple. Ceci ne changera pas tant que l’école ne permettra pas de garantir un avenir aux jeunes. Aujourd’hui, la majorité des diplômés éprouvent des difficultés à trouver un emploi. Auparavant, l’école était un modèle social et une institution de référence. Aujourd’hui, on ne respecte pas les enseignants comme avant. Petit à petit, cela contribue à une dévalorisation des modèles sociaux traditionnels face aux modèles d’arrivisme social. La famille a un rôle à jouer dans la valorisation de l’école comme modèle.
- Mais il reste que de nombreux élèves tiennent à poursuivre les études jusqu’au bout. Tout n’est pas encore perdu…
- On continue à croire que le savoir est quelque chose d’important et d’utile pour « exister socialement ». Le schéma social algérien est basé sur la famille, l’école et le quartier. Ces trois instances, qui jouent un rôle majeur dans la société algérienne, ont vu leur poids dans la formation de la personnalité se réduire graduellement. La famille n’est plus un modèle surtout quand les enfants voient que leur père, qui a fait de longues études, a un salaire qui suffit à peine à payer les factures. L’image du quartier s’est considérablement détériorée du fait d’une urbanisation anarchique. N’importe quelle « réussite », même par des moyens douteux, devient un exemple. Si on arrive à redonner à l’école une certaine crédibilité, on pourra construire une société plus saine. Les gens aspirent à un modèle différent de celui du « beggar ». On veut bien une réussite sociale, mais conjuguée à un bon niveau d’instruction. D’un côté, on envie au « beggar » sa réussite, mais on lui reproche la faiblesse de son niveau culturel...
- Que deviennent ces jeunes après avoir quitté l’école ?
- A la question de savoir ce qui les pousserait à reprendre l’école, 50% des jeunes ont répondu qu’ils aimeraient améliorer leur « culture générale » et 30% voudraient « trouver un emploi ». Cela montre l’importance de la création d’une école de la deuxième chance pour anticiper « l’illettrisme de retour ». Pas moins de 90% des jeunes se disent prêts participer aux frais si on leur donnait une deuxième chance. Le système associatif – à travers l’association Iqraa notamment – fait ce travail, mais cela reste insuffisant.



 

Par Amel Blidi


 

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