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Le quotidien d’Oran

Education: Plaidoirie pour un ministère chargé de lutter contre la violence

par A. El Abci

La violence en milieu scolaire est devenue ces derniers temps tellement patente que l'une des propositions du professeur et enseignant, M. Oukaci Lounis, auteur de la conférence « la violence, l'école et la culture de la paix » animée hier au CHU de Constantine, a consisté en un souhait pour la création d'un ministère délégué chargé du phénomène avec pour mission de l'éradiquer ou de le réduire à des proportions acceptables. La proposition peut prêter à sourire a priori, mais lors du débat qui a suivi l'exposé, l'auteur s'en est défendu en avançant l'argument « que l'on a bien créé, pour 200.000 chercheurs, un ministère de la recherche scientifique alors pourquoi pas un pour les 10 millions d'élèves du système scolaire ».

Quoi qu'il en soit, l'importance du phénomène est aussi soulignée par une enquête effectuée par des équipes pluridisciplinaire du CHU qui relève qu'un élève sur deux a été victime de violence de la part de ses camarades ou de ses enseignants. Tendance encore confirmée par le docteur Rachid Djamane, chef de service des grands brûlés du CHU, qui fait état que « la moitié de l'effectif des patients au niveau de son service est constituée d'enfants en âge de scolarité victimes de violences, survenues soit à la maison, soit dehors et dont de nombreux cas sont d'origine criminelle».

En tout état de cause, dit le conférencier, «il y a péril en la demeure, d'où l'impératif de ne plus laisser l'école à l'écart de son environnement, il faut la faire sortir de sa tour d'ivoire et inviter la rue à l'école, car on ne peut plus faire fi de ce qu'elle lui ramène ». Et d'ajouter « que le second objectif a trait à l'élaboration d'un autre programme scolaire axé sur l'invitation à la citoyenneté, dont la finalité est de donner la possibilité à l'élève de discuter des problèmes de la société dans un cadre organisé et scientifique ».

Toujours selon le conférencier, « tout cela, c'est pour faire connaître à l'élève les tenants et aboutissants de tout ce qui l'entoure, et de là, il s'agira de travailler à l'instauration d'une culture de la paix, qui reste, quoi qu'on en dise, un mode de vie ».

Dans ce cadre, M. Oukaci propose une démarche comportant trois volets, le premier concerne l'immédiat et consiste en une espèce de feuille de route comportementale, où enseignants et écoliers sauront qu'ils s'exposent à des sanctions extrêmes en cas d'utilisation de la violence de leur part. Tandis qu'à moyen terme, il s'agit de soumettre les enseignants à une formation en psychologie et à plus long terme mettre sur pied un département ministériel chargé de lutter contre cette violence.VIOLENCE DANS LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES

Ecolier-medroub La violence dans les établissements scolaires qui a tendance à prendre de l’ampleur ces dernières années est du point de vue des spécialistes liée étroitement aux développements de la société et, à un degré moindre, à l’éducation familiale.

Des intervenants dans le secteur de l’Education s’accordent à dire que le phénomène devient de plus en plus préoccupant et nécessite une prise en charge immédiate. M. Dif Allah, psychologue expérimenté exerçant dans un hôpital à Alger, indique que la violence à l’école reflète d’une manière générale ce qui se déroule dans la rue. Soulignant une étude évaluative en cours relative au phénomène, ce psychologue note qu’«à l’instar de ce qui se passe dans la société algérienne, la majorité des cas de violence signalés dans des établissements scolaires ont des liens avec la décennie de violence qu’a connue le pays». M. Dif Allah relève deux principaux cas de violence. Il s’agit des cas de psycho-traumatisme et de la violence institutionnelle.
Pour ce qui est du premier cas, il dira que l’élève ayant assisté à des scènes de violence cultive «automatiquement» le sentiment de la violence : «C’est la majorité des cas examinés jusqu’ici», a-t-il commenté. S’agissant de la violence institutionnelle, il note que celle-ci est le produit de quelques responsables des établissements scolaires qui recourent souvent à des comportements violents, physiques ou verbaux, à l’égard des écoliers.
«Ces cas sont enregistrés beaucoup plus dans les paliers primaire et collège. Les élèves sont parfois victimes de la brutalité de leurs enseignants, surveillants ou autres administrateurs», constate-t-il se référant à la même étude que ses services sont en train d’élaborer. En parfaite connaissance du dossier, le psychologue Dif Allah a évoqué aussi la part des médias, l’Internet et des jeux vidéo dans l’ampleur qu’a pris le phénomène dans nos écoles. Le fléau constitue également la préoccupation des organisations syndicales relevant du secteur de l’Education nationale. M. Boukrouh, de l’organisation du Conseil national autonome des enseignants secondaires et technique (Cnapest) affirme que la sécurité dans les milieux scolaire figure parmi les revendications du syndicat.
«L’enseignant se trouve parfois confronté à des cas de violence provenant et des élèves et des parents. Il y a des centaines de cas de ce genre qu’on signale presque quotidiennement.
Il y a même des enseignants qui se font tabasser devant leurs élèves par des individus venus d’ailleurs». Et à ce syndicaliste d’ajouter en toute objectivité que « je ne dirai pas que tous les enseignants sont justes, il y en a ceux qui commettent des erreurs impardonnables dont les élèves sont victimes. Je ne parle pas ici uniquement des agressions physiques ou verbales mais aussi de l’autre visage de violence qui se manifeste dans la notification des élèves ou autre chantages. Tout ça doit être pris au sérieux par les parties concernées pour que le milieu scolaire accomplisse la mission qu’il lui est dévolue».
Du côté des parents d’élèves, l’association de la wilaya d’Alger, représentée par l’un des ses membre, Khaled Youcef, suppose que «seules des actions de sensibilisation sur le sujet pourraient réduire un tant soit peu la montée exponentielle du phénomène».
M. Kechad. (Horizons)u de la nouvelle page

 
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