Nous estimons à environ 11-12% le taux d’élèves harcelés, ce harcèlement pouvant monter à 14%
pour le seul harcèlement verbal et symbolique
psychologiques, les conséquences en termes de santé mentale et les conséquences scolaires de ce ou
ces harcèlements telles qu’elles ont été mises en évidence par la recherche internationale : décrochage
scolaire, absentéisme, perte d’estime de soi, tendances dépressives et suicidaires de long terme. On
comprendra alors combien notre enquête montre l’importance quantitative de cette violence cachée, qui
n’avait pas jusqu’ici été mesurée avec autant de précision.
Notre recherche n’a pas été réalisée dans un but prescriptif : elle ne vise pas à donner des « solutions »
contre la violence, mais à la décrire.
Cependant tout nous conduit à une préconisation massive :
par une action en profondeur sur le harcèlement entre pairs est primordial.
santé publique et de sécurité publique est important. Une étude longitudinale très ambitieuse menée par
l’Université de Cambridge sur 411 garçons suivis de l’âge de 8 ans à l’âge de 48 ans a récemment montré
par exemple comment le bullying était directement relié chez les agresseurs à une vie marquée par la
violence, la délinquance et finalement l’échec personnel.
Intervenir dès le plus âge non pour ficher et punir mais pour aider et prévenir est un droit des enfants :
contre les effets de long terme du harcèlement entre pairs, il est nécessaire d’établir et d’appliquer des
politiques publiques et des programmes efficaces : il s’agit d’interrompre la construction d’une victimation
continue et celle d’une carrière sinon délinquante du moins violente.
La recherche a d’ailleurs bien montré que
étaient à la fois plus efficaces et coûtaient beaucoup moins chers en termes de dépenses de
santé, d’assistance sociale et de maintien de l’ordre que les dispositifs ultérieurs de répression ou
de traitement.
Le véritable pragmatisme politique et la morale peuvent ici se rejoindre au service des jeunes et des
enfants en difficulté.
Il faut encore préciser qu’il ne faut pas confondre prévention précoce et répression précoce ou fichage
des « bullies ». Le profilage comporte un risque de sur-identifier les élèves et de stigmatiser des
populations, augmentant finalement la violence réactionnelle à cette stigmatisation. Pour autant affirmons
qu’il est nécessaire de penser des programmes de sensibilisation (en population générale, avec l’aide des
médias, des ONG, des institutions), de mettre en place des actions de formation pour reconnaître le
harcèlement à l’école.
Il est tout aussi juste de vouloir adapter aux réalités locales et culturelles des programmes spécifiques de
haute qualité et reposant sur des standards scientifiques qui visent à développer des compétences
sociales chez les enfants (en particulier l’empathie). Ces actions nécessitent un consensus dans les
établissements scolaires : l’amélioration du climat scolaire est fortement relié à une baisse des
victimations. Ce consensus doit aussi se faire jour sur le plan politique et sociétal :
l’école ne peut significativement diminuer qu’avec des actions de très long terme : violence en
continu, il nécessite une action qui sache elle aussi prendre son temps.