ALGERIE/Ensemble pour la non-violence
   
 
  l'autorité ne règlera pas le problème
Par François Jarraud

C'est assez rare pour être souligné : la violence scolaire est encore un sujet qui rassemble. Mercredi 4 février, dans l'hôtel de ville de Paris, le maire-adjoint chargé de l'éducation, Pascal Cherki, l'Inspecteur d'académie en charge du primaire, Edouard Rosselet, Eric Favey et Christophe Dupré pour la Ligue de l'enseignement et une centaine d'enseignants parisiens assistaient à la conférence d'Eric Debarbieux sur la violence scolaire.

Cette réunion se situe dans le cadre du projet "Nous apprenons à vivre ensemble" mis en place par la municipalité parisienne en partenariat avec la Ligue de l'enseignement et avec le soutien de l'inspection académique. Dans le cadre de ce projet, chaque classe parisienne de cycle 3 a reçu un dossier pédagogique, des affiches et des livrets élèves et parents. Les livrets distribués aux élèves permettent d'aborder ce harcèlement de façon très concrète et d'en discuter. Ils présentent aussi des jeux qui favorisent la coopération dans la cour de la classe. Le livret destiné aux parents les incite à se rapprocher de l'Ecole et donne des pistes pour aborder la question de la violence en famille. Voilà une approche remarquable car brisant les frontières et l'isolement.

Ancien instit lui-même, Eric Debarbieux, président de l'Observatoire international de la violence à l'école, qui suit et conseille l'opération, a partagé avec la salle 30 ans de travaux sur la violence scolaire. S'il invite à ne pas grossir le tableau et à se méfier des manipulations médiatiques E. Debarbieux montre la gravité du phénomène grâce à des enquêtes auprès des victimes. Ainsi , dans le secondaire, 6% des élèves ont été victimes d'extorsion (contre 0,03% selon SIGNA), 72% d'insultes (contre 0,2%), 24% de coups (contre 0,3%) et 45% de vol (contre 0,1%).

"Il ne faut pas mésestimer la réalité" demande E Debarbieux. "La réalité de la violence c'est la micro-violence répétée. Or les enfants qui sont victimes à répétition de ce harcèlement, y compris de petites choses comme un surnom, risquent le décrochage. Ils vont aussi présenter un tableau clinique inquiétant. 

Que peut-on faire ? La violence scolaire a des causes. On peut donc lutter contre elle. Parmi les facteurs de risque on peut citer le fait d'avoir des parents brutaux, ou trop laxistes, une situation de pauvreté et d'exclusion. Mais il y aussi des facteurs propres aux établissements. Le taux de victimation va dépendre de la manière dont est organisé l'établissement.

Pour les enseignants, il faut prendre garde à l'accueil des nouveaux enseignants, à la stabilité et aux relations dans les équipes. "La solitude tu éviteras" recommande Eric Debarbieux. Il ajouterait bien "une formation tu suivras" car il y a une relation entre la capacité à gérer le stress et le taux de victimation. Sur ce terrain la perspective des nouveaux masters donnant "une teinture de pédagogie" est inquiétante. Le recours à l'autorité , tant vantée par les derniers ministres, lui semble un leurre. C'est dans les établissements où la politique est la plus répressive que les élèves se tapent le plus.

Pour Eric Favey, des facteurs externes influent aussi sur la violence scolaire. Les médias jouent un rôle important, par exemple le journal de 13h de la première chaîne privée qui, selon lui, fabrique de la peur. L'école comme la société s'intéresse peu à la culture de la négociation. On ne forme pas les élèves à discuter et argumenter. Enfin la fabrication des élites fabrique de ressentiment et met en concurrence les individus au lieu de pacifier l'Ecole.

Les questions de la salle reflétaient le vécu des enseignants. Faut-il utiliser des policiers pour la prévention ? Selon Eric Debarbieux, un programme américain a montré que si ces dispositifs sont bons pour l'image de la police, ils sont inefficaces. La maternelle est-elle utile sur ce terrain là ? Oui d'après des enquêtes internationales la scolarisation précoce diminue le taux de violence.

Oui mais alors pourquoi n'investit-on pas davantage dans des programmes de lutte ? Eric Debarbieux, qui anime un Observatoire connu mondialement, lui-même ne bénéficie que d'une subvention de 8 000 euros donnée par le ministère de l'enseignement supérieur. D'autres programmes, comme le RollerFootball ®, n'arrivent pas à obtenir des financements malgré leur grand succès.

Pour Eric Debarbieux, "on a cessé de croire en l'éducation". On a aussi beaucoup de méfiance envers les chercheurs en science de l'éducation. Pour Eric Favey voilà "de bien maigres économies pour de bien grands dégâts"… 

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